Témoignage GR20 – Comment j’ai parcouru la Corse en randonnant ?

Envie de connaître le témoignage réel d’une aventurier du GR20 ?

Aujourd’hui on vous partage le témoignage de Julien qui s’est élancé sur les sentiers de l’île de beauté. Au travers de son récit, son avis et ses conseils, découvrez ce que vaut vraiment la traversée de la Corse. Ce parcours est-il vraiment si exigeant ? Comment s’y préparer et l’affronter durant plusieurs jours consécutifs ? 

Qu’est-ce que le GR20 ?

Avez-vous interrogé Google sur le : “ sentier randonnée le plus difficile d’Europe ” ; vous aurez rapidement compris que le GR 20 serait l’une des réponses les plus souvent rapportées par le moteur de recherche. 

La Grande Randonnée 20 est un terme donné au sentier qui traverse la Corse du Nord au Sud. Et fruit du hasard ou non, c’est aussi le numéro 20 qui fait référence au département créé en France en 1790. 

sentier randonne corse montagne

Les Corses eux-mêmes appellent ce tracé symbolique “ Fra li Monti ” – littéralement traduit par sentier à travers les montagnes. Le parcours balisé traverse l’île de beauté en longeant le tracé partageant les eaux est bien souvent surnommé le sentier le plus difficile du Vieux Continent. 

Il est vrai qu’on est loin des parcours Américains de longue distance ; car oui le GR20 ne fait que 180 kilomètres, mais l’ensemble du parcours demande presque 16 jours de périple en pleine nature. Ces chiffres sont encore raccourcis par les exploits des trailers de haute montagne. François D’haene, Kilian Jornet… Mais le record du GR20 actuel est bien détenu par un coureur local. Au mois de Juillet 2021, Lambert Santelli a bouclé le circuit en seulement 30 heures et 25 minutes !

lambert santelli record GR20 2021
Crédit photo : @lapresse.ca

Je n’aime pas les classements, les comparaisons et la “ primauté ” que l’on retrouve dans certains témoignage du GR20. Néanmoins, déjà en descendant de l’avion à Calvi, j’ai vu que le terrain à affronter ne serait pas facile. La bande côtière de la Corse est composée de stations balnéaires, de plages de sable et de charmantes villes.

De ce point de vue, l’île est plutôt associée à un repos agréable et paisible. Cependant, tout le centre de la Corse est occupé par des montagnes avec des pics particulièrement rocheux.. C’est à travers eux que vous allez arpenter les mille et une facettes Corses. Et rien que pour cela, prenez le temps d’être bien préparés pour cette aventure.

Le départ de la randonnée

Le sentier officiel débute dans le petit village de Calenzana situé au Nord de l’île. Elle est positionnée à quelques kilomètres de la jolie station balnéaire de Calvi. Ici, vous pouvez faire vos derniers achats avant de mettre le cap sur la ligne de départ. (Dans un petit supermarché au pied de l’église il est même possible de dégoter les dernières cartouches de gaz). 

La première approche sur le chemin du GR20 est fastidieuse et assez éreintante. Le circuit s’élance sur un flanc de montagne dégarni qui laisse peu d’ombre aux marcheurs. Je devais savoir à quoi m’attendre car je l’ai lu dans un témoignage du GR20 sur le net… Toutefois, la réalité est toujours plus impressionnante.

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Là-bas, à seulement une dizaine de kilomètres des plages et des discothèques, vous découvrirez une toute autre Corse. Une Corse calme, sauvage et montagneuse. Celle qui vous dévoilera le prochain village après sept jours de marche. (La densité de population de la partie centrale de l’île n’est que de 10 habitants au kilomètre carré).

Après quelques bonnes minutes de marche, je m’approche rapidement du premier col de montagne. Le chemin sablonneux est un couloir sûr parmi le maquis méditerranéen épineux, et le sentier est superbement balisé. Cette ascension toute la journée dans la chaleur est relativement éprouvante, le corps a constamment besoin d’eau. Il n’y a pas beaucoup de sources sur le sentier, pensez donc souvent à transporter 1 ou 2 kilos d’eau supplémentaires dans votre sac. Ils seront rapidement délestés.

En revanche, le décor fascinant saura vous faire oublier ce qui peut ressembler à un calvaire pour beaucoup de néophytes. Vous pourrez explorer un paysage saisissant entre les montagnes grisâtres et les nuances turquoises de la mer Méditerranée. 

La beauté de l’île prend tout son sens lorsque l’on comprend qu’il s’agit vraiment d’une montagne dans la mer

L’intérieur de ce territoire insulaire est constitué d’une succession de pics rocheux grimpants jusqu’à plus de 2700 mètres au cours des vallons boisés. Cet aspect inédit ne ressemble à aucune autre région sauvage d’Europe continentale. 

Lorsque je suis arrivé à la première halte du sentier,  j’ai déplié mon campement au refuge Ortu di u Piobbu. En effet, et comme le décrivent la plupart des témoignages sur le GR20. Le sentier se déroule dans le Parc Naturel Régional de Corse (PNRC) est le bivouac sauvage est strictement interdit en dehors des aires de repos.

Les difficultés et passages dangereux

Dès le deuxième jour, le chemin prend un tournant et une vue différente depuis le col de Bocca Piccaia. C’est là que le sentier GR20 prouve enfin aux randonneurs qu’il est considéré comme difficile pour une raison. 

Depuis la Bocca Piccaia qui est située à proximité de Bocca di Pisciaghja, et proche de Punta Pisciaghja les stations balnéaires, les plages et les routes encore visibles au loin disparaissent. Seules les montagnes restent.

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La face Sud descend du col de montagne presque verticalement dans la vallée de l’Innominata. Devant vous, il y a des crêtes de montagnes de granit érodées, pleines de flèches, de tours rocheuses et de falaises. Le panorama est fermé par les sommets de 2 000 mètres du Monte Cinto, Paglia Orba et Capu Tafunatu.

Un tel terrain vous accompagne pendant la majeure partie du voyage. Ambiance rocheuse, approches pointues, passages escarpés. Cependant, contrairement à ce que j’ai pu lire dans un témoignage GR20, le circuit ne nécessite pas de compétences en escalade ; mais il est vrai qu’une connaissance des dénivelés est essentielle

Pour rendre l’ensemble du parcours un peu plus accessible, le chemin est parsemé de chaînes, d’étriers, et de mains courantes qui vous aideront souvent à vous faufiler entre les rochers. Une bonne condition physique est également préconisée. Il faut savoir que vous allez parcourir plus d’un kilomètre d’ascension pratiquement tous les jours. La distance verticale est ici beaucoup plus importante que la distance horizontale.

Les refuges pour dormir sur le GR20

Toutes ces péripéties rencontrées au cours des 16 journées de randonnée active sont facilitées par une infrastructure parfaitement étudiée. Le sentier est parfaitement balisé et entretenu par des bénévoles et des professionnels de l’alpinisme. Les marquages blancs et rouges vous mènent à travers toute l’île et il est vraiment difficile de se perdre quand la visibilité est bonne. 

Après chaque étape, vous pouvez vous reposer dans un endroit sécurisé par un refuge ou une bergerie privée située sur le parcours. Cela ne vaut pas la peine de passer la nuit dans les auberges elles-mêmes. Elles sont exiguës, pas très confortables et plus chères (13 € la nuit). Une meilleure option est de dormir dans votre propre tente (7 €) ou de louer une tente déjà montée par les gardiens du refuge (11 €). 

Les refuges Corses sont situés dans de beaux endroits, comme le Refuge de Ciottulu di Mori qui est suspendu sur les pentes de Paglia Orba à une altitude de 1991 mètres d’altitude. 

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En revanche, notez que vous y trouverez également (à des prix exorbitants) des produits alimentaires de base. Une autre source d’approvisionnement est constituée par les commerces alimentaires présents dans les villages traversés et qui présentent des tarifs un peu plus abordables par exemple à Vizzavona

Bien que l’itinéraire traverse plusieurs fois la route et les petits villages du centre Corse, vous ne trouverez pas de grande boutique ou de distributeurs sur le parcours.

N’oubliez pas que tout le centre de la Corse est un Parc National et qu’il est illégal de se promener et de dormir en dehors des sentiers tracés. Une attitude peu responsable est contraire à l’éthique de cette randonnée. Dans ce témoignage sur le GR20, j’arrive à la conclusion que la nature Corse a vraiment besoin d’être protégée plutôt que d’être piétinée ; surtout à l’égard du nombre croissant de touristes qui le foule chaque année.

Les spécificités du parcours

Plus les jours se suivent et moins ils se ressemblent. Le sentier GR20 vous conduit alors à travers de très beaux endroits, calmes, reposants bien loin des lieux idylliques de la côte

Non seulement il s’y trouve de hautes crêtes rocheuses, mais aussi de vallées verdoyantes coupées par un dédale de petits étangs (appelés pozzines). Après plusieurs semaines de mon retour sur la terre ferme, je me revois encore à travers des forêts couvertes de pins noirs et des sentiers entourés de maquis Méditerranéen épineux. Les lézards et les salamandres continuent à s’échapper sous mes pieds tant ils sont nombreux à jouir d’un cadre parfait. Cependant, cela vaut la peine de regarder non seulement à vos pieds ; mais aussi vers les hauteurs. Il n’est pas rare de voir apparaître un mouflon ou le gypaète barbu (un des plus grands oiseaux du monde), qui a ses nids ici dans les brèches des falaises.

Les collines rocheuses de deux mille mètres (dont le plus haut sommet de Corse, le Monte Cinto, 2706 m d’altitude), cols étroits et vastes panoramas (le sentier longe la crête la plupart du temps et nous dorlote avec des vues dans toutes les directions). 

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Pour les randonneurs qui parcourent le GR20, je donnerais un conseil : parfois ça vaut le coup de sortir du sentier officiel et de prendre les variantes alpines ! En effet, depuis les nombreux réajustements du sentier, le GR20 n’est plus un itinéraire longue distance avec une seule ligne sur la carte. Il y a beaucoup de sentiers secondaires autour, d’anciennes variantes du sentier principal (balisés par des marques jaunes).

En outre, le circuit principal traverse toute l’île, mais ne va souvent automatiquement aux plus hauts sommets. 

Pendant la randonnée, j’ai souvent abandonné les panneaux blancs et rouges et me suis approché des sommets situés près du sentier. Grâce à cela, j’ai pu gravir le Monte Cinto et le Monte Rotondo – les deux plus hautes montagnes de Corse. Je suis allé au Monte Renoso et au Monte d’Oro – l’une des montagnes les plus difficiles de Corse (si l’on inclut celles qui ne nécessitent pas d’escalade).

Sur la plupart d’entre elles, j’étais complètement seul, je n’étais accompagné que d’oiseaux sauvages et suis réellement entré en communion avec la nature. C’est d’ailleurs ce que je recherchais en venant ici et en parcourant le plupart des témoignages sur le GR20.

faune flore GR20

Les conditions météorologiques

La haute saison du GR20 Corse est Juillet et début Août. C’est une bonne idée d’entamer le sentier de grande randonnée fin Juin ou fin Août / début Septembre. 

Le moyen le plus simple pour se rendre sur l’île est l’avion, d’autant plus qu’il existe de plus en plus de liaisons directes depuis de nombreuses villes Françaises et notamment dans l’offre des compagnies low-cost. Une autre option est de voyager en voiture et de prendre un ferry depuis Nice.

Quel temps allez-vous trouver ? Tout d’abord, le Corse est un territoire réputé pour son soleil et sa chaleur. Il vaut donc préférable d’éviter les randonnées en Juillet et début Août ; sauf si vous partez très tôt le matin. 

conditions climatiques GR20

En effet, vous devez imaginer que vous marchez le long d’une crête non protégée en plein soleil, donc quittez votre bivouac  de bonne heure tôt et planifiez un grand approvisionnement en eau dans votre sac à dos (surtout qu’il y a vraiment peu de sources sur le parcours). 

Souvent, entre deux refuges, vous n’aurez pas du tout la possibilité de remplir la poche à eau. D’après mon expérience, 3 litres par personne est la capacité minimale que vous devez avoir avec vous.

Le deuxième aspect d’un trek en Corse est que l’île ne ressemble pas toujours aux photos des dossiers des agences de voyages. Souvent, une journée chaude et ensoleillée est suivie d’un orage court mais violent. En une dizaine de minutes, des nuages ​​noirs, de la pluie, de la grêle, du brouillard et du vent froid peuvent apparaître. 

Si je peux vous conseiller une astuce grâce à ce témoignage sur le GR20, prenez le temps de bien planifier votre randonnée journalière pour ne pas vous retrouver sur la crête à ce moment-là. Pour confirmer que même en Corse, la météo en montagne est imprévisible ; on peut mentionner qu’il y a plusieurs années sur le Monte Cinto, sept personnes sont mortes lors d’une tempête de neige inattendue. C’était au début du mois de Juillet.

L’équipement minimal à prévoir

Quand vous pensez à votre équipement, gardez à l’esprit que sur près de 200 kilomètres du GR20 36 kilomètres sont représentés uniquement par des montées. Chaque élément contenu dans votre sac devient alors un véritable fardeau et vous surprendra souvent plus qu’il ne l’est réellement. 

J’ai opté pour un sac à dos Deuter léger mais solide et une tente MSR pour 1 personne. De plus, j’avais avec moi le matelas pneumatique Sea to Summit Comfort Light. (aujourd’hui, si c’était à refaire, je prendrais exactement les mêmes accessoires).

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Les chaussures sont un élément important. Imaginez que vous marchez constamment sur un sol rocheux, il vaut donc la peine de se concentrer sur des structures avec une base en caoutchouc solide de type Vibram. Personnellement j’ai abandonné l’idée de chaussures hautes pour m’orienter vers des chaussures d’approche basses. (Tant que vous n’avez pas de problèmes de chevilles, elles seront plus confortables que les tiges fixes pour randonner).

Les bâtons de trekking seront un élément absolument essentiel. Dans les longues descentes sur des pentes d’ardoise meubles, ils aident considérablement à soulager les genoux ; tout comme ils peuvent soutenir votre effort lors des ascensions.

Comme j’ai effectué le GR20 en totale autonomie, j’ai transporté l’eau dans une poche à eau Hydrapak Force de deux litres. Pour cuisiner, j’ai utilisé le réchaud touristique fiable MSR Pocket Rocket et le Sea to Summit X-Pot qui sont ultra légers. Grâce aux parois rabattables, ils prennent beaucoup moins de place dans le sac à dos. En effet, le poids doit être une priorité lors de votre périple sur le sentier GR20. Le temps ensoleillé ne nécessite pas de prendre beaucoup de vêtements et permet surtout de soulager votre sac à dos.

Les cartes utiles pour évoluer sur le sentier

L’ensemble du sentier GR20 comprend 6 excellentes cartes à l’échelle 1: 25 000 :

  • IGN TOP 4149 OT Calvi ;
  • IGN TOP 4 150 OT Corte et Monte Cinto ;
  • IGN TOP 4151 OT Monte d’Oro et Monte Rotondo ;
  • IGN TOP 4152 OT Monte Renoso ;
  • IGN TOP 4153 OT Petreto-Bicchisano et Zicavo ;
  • IGN TOP 4253 ET Aiguilles de Bavella et Solenzara.

Cependant, l’itinéraire est bien balisé et s’y repérer n’est généralement pas un gros problème. C’est pourquoi la plupart des gens (moi y compris) n’utilisent que des topo-guides : ici, je peux recommander le guide officiel de la Fédération Française de Randonnée (FFR). J’ai également consulté le guide Rother, qui couvre également d’autres itinéraires corses.

En pratique, il faut être sceptique sur les temps rapportés dans ces ouvrages. En général, je marchais 25 % plus vite que le temps imparti, mais le rythme sur le GR20 dépend vraiment des conditions climatiques mais surtout physiques. Après quelques jours, chacun jugera de ses besoins afin d’ajuster les comparatifs des temps indiqués dans les guides.

Le sentier GR20 est nominalement divisé en 16 étapes. Certaines d’entre elles sont très courtes et reposantes. Une personne avec une condition physique préparée peut aisément parcourir l’itinéraire en 12 jours (sans compter les sommets supplémentaires et des variantes latérales). Cependant, cela dépend beaucoup de votre degré de familiarité avec le terrain rocheux. 

Montagnes corses

Dans tous les cas, s’il y a bien un détail qu’il faut retenir de mon témoignage sur le GR20, c’est de bien vous préparer à ce climat montagneux et ce terrain peu habituel. Plus vous y serez confronté au préalable et plus les surprises seront plus agréables à arpenter. Bonne aventure à chacun(e) d’entre vous !